L’Union Européenne a entrepris de réglementer l’espace numérique. Les principaux intervenants sont progressivement obligés de se plier aux nouvelles règles. Apple s’est ainsi résolu à appliquer le DMA européen.
La réglementation européenne encadre progressivement internet
Le Règlement Européen sur la Protection des Données, ou RGPD, a été la première des grandes directives européennes régissant le monde numérique. Les données personnelles des résidents européens sont désormais protégées contre les usages abusifs. Les principaux réseaux sociaux ont déjà été condamnés à des amendes élevées pour leurs manquements en la matière.
Le règlement européen sur l’IA encadre l’usage de l’intelligence artificielle. Le règlement sur les services numériques (DSA, ou Digital Service Act) régit les pratiques des principales plateformes ou moteurs de recherche.
La législation sur les marchés numériques complète le panorama en soumettant les plateformes d’intermédiation à des règles visant à éviter les abus de position dominante. Elle est applicable depuis le printemps 2023.
Apple se conforme bon gré mal gré au DMA
Le constructeur de l’iphone fait partie des contrôleurs d’accès, au sens du DMA. La firme de Cupertino a dû se résoudre à ouvrir son Apple Store.
Certains des concurrents d’Apple se sont déjà plaints des nombreuses restrictions imposées dans le cadre de cette ouverture. La firme à la pomme entend ainsi garantir la sécurité des utilisateurs en les protégeant contre des applications malveillantes ou boguées. La limite entre nécessaire protection des clients et entrave illégitime à la concurrence sera probablement tranchée à l’avenir par les tribunaux.
Apple tire un premier bilan positif de l’ouverture
Luca Maestri, le directeur financier d’Apple, a profité de la présentation des résultats financiers du deuxième trimestre 2024 pour faire un premier bilan de cette ouverture. À l’écouter, l’impact de ce qui devait être une révolution est pour l’instant négligeable.
Luca Maestri a ainsi annoncé un chiffre d’affaires trimestriel de 20,2 milliards de dollars (soit 18,5 milliards d’euros environ) sur l’Europe. Le CA européen progresse de 8,3 % sur une année, ce qui est tout à fait satisfaisant.
Le directeur financier n’a en revanche pas détaillé les chiffres de l’Apple Store sur l’Europe. Cette information est probablement considérée comme commercialement sensible par la firme à la pomme. Il s’est contenté d’indiquer que le CA mondial d’Apple Services était en progression de 14,2 % à 24,2 milliards de dollars (soit approximativement 22,14 milliards d’euros).
L’Europe ne représente que 7 % du CA mondial et il est donc impossible d’en déduire quoi que ce soit sur l’évolution du CA européen ! La seule chose dont on peut être certain, c’est qu’une entreprise de la taille d’Apple ne peut se permettre de négliger l’un des trois principaux marchés mondiaux.
L’affaire est à suivre
Il est certainement trop tôt pour juger de l’impact du DMA sur le comportement des utilisateurs. Il faut laisser le temps aux développeurs d’application de s’adapter et éventuellement de refuser les anciennes conditions d’Apple. Les modifications de comportements sont également longues à venir côté clients, compte tenu de la force des habitudes. Il faudra du temps aux utilisateurs pour s’habituer à avoir le choix.
La relation d’Apple avec les réglementations européennes reste cependant ambiguë. La firme de Cupertino a ainsi renoncé à déployer les fonctionnalités IA en Europe en arguant d’incertitudes juridiques à ce sujet. C’est un pari risqué, alors que Samsung a fait sensation avec les possibilités de traduction en temps réel de ses derniers smartphones. Apple pourra-t-il longtemps laisser la voie libre à son concurrent sud-coréen ?