Dans un contexte de rivalité économique croissante entre la Chine et l’Union européenne, BYD, le plus grand constructeur automobile chinois, s’implante dans la zone économique de l’Europe pour assurer la vente de ses voitures électriques et hybrides sur le marché interne européen.
Contexte général du marché de l’automobile électrique
Dans le marché européen de l’automobile, les voitures électriques ont vu leur part stagner autour des 12% et la croissance de leurs ventes ralentir depuis le début de l’année. En réalité, ce sont les modèles hybrides, combinant motorisation électrique et motorisation thermique, qui raflent la plus belle part de croissance du marché avec presque 30%.
Les tendances sur le marché international attestent d’une situation différente. En Chine, le premier marché automobile mondial, une multitude de marques innovantes ont vu le jour et écoulent leur production sur le marché interne et international. Dans ce contexte et sur la base de soupçons de concurrence déloyale, l’Union européenne a ouvert une enquête qui a mené à la décision d’instaurer des droits de douane punitifs sur les importations de voitures électriques chinoises.
Droits de douane punitifs : l’aube d’une guerre commerciale entre l’Union européenne et la Chine ?
Les taxes imposées par l’Union européenne aux voitures électriques chinoises vendues sur le marché interne à des prix défiant la concurrence ont donc pour objectif de mieux équilibrer le marché pour protéger l’industrie automobile européenne.
En effet, le soutien étatique de ma Chine à son industrie automobile ne se concrétise pas seulement à travers de simples subventions directes. Il s’agit en réalité de toute une palette de mesures qui permettent aux constructeurs locaux de développer leur offre rapidement pour en écouler les stocks à l’international.
Évidemment, la Chine ne compte pas se laisser faire et les autorités ont lancé une enquête sur certains produits européens de luxe qui trouvent beaucoup d’amateurs dans le marché chinois (voitures de sport, spiritueux, vins…). Il est donc possible que nous assistions au début d’une guerre commerciale qui pourrait impacter bien plus que le secteur automobile. Les discussions entre l’UE et la Chine seront déterminantes dans les semaines à venir pour éviter une escalade.
BYD s’implante en Turquie
Dans ce contexte, BYD, le leader chinois de l’automobile électrique et hybride, a décidé de construire une usine en Turquie. Il s’agit en effet pour l’entreprise de bénéficier du marché turc de l’automobile électrique qui est en pleine croissance, mais, surtout, de profiter d’un accord commercial spécial entre la Turquie et l’Union européenne afin d’éviter les nouveaux droits de douane européens.
BYD prévoit donc de réaliser un investissement de 1 milliard de dollars pour construire une usine directement sur le sol turc. L’accord a été signé le 8 juillet en présence du président turc et du directeur général de BYD. La nouvelle usine devrait permettre la création de 5 000 emplois pour produire aux alentours de 150 000 voitures électriques et hybrides par an. L’installation est censée être opérationnelle avant 2027.
La riposte de BYD : construire directement dans la zone économique européenne
Début de l’année, BYD avait également annoncé l’achat d’une parcelle de terrain en Hongrie pour y construire sa première usine sur le sol européen pour la fabrication de voitures en vue de les écouler sur le marché interne. La décision de s’implanter en Turquie atteste donc d’une stratégie du constructeur pour contourner les restrictions imposées par les autorités européennes. Une première riposte qui s’annonce comme une anticipation de l’évolution du marché mondial de l’automobile pour les années à venir.