C’est un projet ambitieux, novateur et un brin excitant qui va trouver, d’ici à 2026, son aboutissement : la cartographie en 3D du territoire français. Grâce à une technologie incroyablement précise déployée à grande échelle depuis 2020, c’est tout un monde d’usages insoupçonnés qui va s’ouvrir. Faisons le point.
LIDAR HD : avions, IA et scanner laser à grande fréquence
Le principe du LIDAR (Light Detection And Ranging) est le suivant : un scanner embarqué par avion envoie sur une grande fréquence, de l’ordre de 500 MHz, un signal infrarouge (une onde laser) en direction du sol. L’appareil enregistre le signal retour de cette onde et mesure le temps que met l’onde à faire l’aller-retour, donnant la position de points d’impact de différentes natures : arbres et végétation, bâtiments, pylônes ou divers types de sols.
Ces données sont ensuite calées sur les coordonnées GPS et d’autres données pour fixer des « nuages de points d’impact » d’une densité d’environ 10 points par m².
Preuve que son usage scientifique est devenu incontournable au-delà de nos usages quotidiens, l’IA intervient justement lors de l’étape de classement qui suit, en catégorisant ces points d’impact et en apportant éventuellement des améliorations.
Des données d’une précision extrême
Le degré de précision apporté par cette forte densité de points en 3D est tel que la texture un peu neigeuse (rien à voir avec des pixels !) n’est guère visible qu’en zoomant très fortement. Il est donc possible de fournir des descriptions très précises d’arbres et de divers éléments naturels ou bâtis.
Au-delà, la technologie est capable, après traitement des données, d’analyser le contenu des nuages de points 3D. Par exemple, il est possible d’analyser les différentes étapes de croissance des végétaux ou encore les natures des sols.
Pourquoi cartographier la France en 3D ?
Parmi toutes les applications rendues possibles par ce procédé inédit, certaines sont déjà connues, d’autres restent à découvrir. En premier lieu, les usages se destinent à de nombreux acteurs publics tels que les collectivités, les offices de gestion forestière ou encore les services travaillant sur la biodiversité ou les surfaces agricoles. L’ensemble des données présente toutes les qualités requises pour alimenter des modèles numériques sur tous les terrains, y compris urbains, ce qui est potentiellement extrêmement utile dans le domaine de la prévention des risques.
En effet, grâce à des modélisations de terrain poussées comme jamais auparavant, les simulations de risques atteindront un degré de précision inégalé ; c’est notamment prévu d’être le cas pour les inondations. L’enjeu pour les pouvoirs publics est donc d’une grande importance, tant les défis territoriaux semblent cruciaux dans des décennies à venir marquées par le changement climatique. L’IGN est ainsi le premier intéressé par ce projet bientôt abouti.
Un projet d’envergure et d’avenir en open data
Si les potentialités publiques offertes par l’aboutissement de ce projet de cartographie 3D représentent déjà un objectif ambitieux, il est probable que de nombreuses applications insoupçonnées seront bien vite développées au-delà des besoins des politiques publiques. De nombreux acteurs économiques ont conscience du potentiel de cet outil, dont les données seront totalement disponibles en open data. Naturellement, il existe d’ores et déjà un intérêt d’une partie du grand public pour le projet.
Cet intérêt, encore le plus souvent ludique, a été particulièrement suscité à la veille des Jeux Olympiques de Paris 2024, grâce à la publication par l’IGN d’images 3D des sites olympiques issues du projet. Ce n’est d’ailleurs pas une démarche surprenante : les Jeux Olympiques sont aussi là pour être des vecteurs d’innovation.
Il ne fait aucun doute que le dévoilement progressif des champs d’application ajoutera à la notoriété croissante du LIDAR HD, non sans une pointe d’excitation. Ainsi, ce sont des secteurs aussi divers que l’archéologie, la conduite de véhicules autonomes, la réalité augmentée ou encore l’agriculture qui pourraient bien être révolutionnés par ce nouvel outil. Autant de raisons d’attendre avec impatience le dévoilement, d’ici à 2026, de la totalité de la cartographie 3D de la France !
Passionné par la technologie, j'ai accumulé plus de 20 ans d'expérience dans la tech. De formation ingénieur en informatique, mon parcours professionnel m'a permis de maîtriser diverses facettes du secteur, des infrastructures aux logiciels. Mon engagement et ma curiosité constante me permettent de rester à la pointe des innovations technologiques.
