ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) est le fruit d’une collaboration entre 35 pays, dont les membres de l’Union européenne ainsi que les États-Unis et l’Inde. Il s’agit d’un projet ambitieux qui consiste à reproduire la fusion nucléaire, la source d’énergie du soleil.
Si ITER se concrétise, le monde pourrait avoir une énergie sans déchets et illimitée. Ce qui n’est pas le cas des réacteurs nucléaires actuels qui reposent sur le principe de « fission ». Cependant, en chantier depuis 2006 dans l’Hexagone, le plus important projet de fusion nucléaire est encore repoussé de huit ans.
L’échéance en 2025 encore repoussée
La perspective de consommer une énergie propre en grande quantité reste encore lointaine. Il faudra plusieurs années, voire des décennies, pour disposer d’un réacteur fonctionnel dans le cadre de l’ITER.
Actuellement, le projet reste un gigantesque chantier dans les Bouches-du-Rhône. Toutefois, la production du premier plasma était annoncée pour 2025. Le stade de l’énergie magnétique complète est attendu d’ici 2030 d’après le directeur général d’ITER. Ces échéances semblent pourtant irréalisables.
Le conseil d’administration de l’ITER a accordé une prolongation de huit ans pour la mise en place progressive du projet. Par conséquent, la première échéance initiale de 2025 est repoussée en 2033, tandis que la seconde sera en 2036.
Le projet qui devait coûter 6,3 milliards de dollars
À l’origine, ITER devait être un projet d’une dizaine d’années avec une enveloppe budgétaire de 6,3 milliards de dollars. Pourtant, cette somme se situe actuellement entre 20 et 40 milliards.
Avec huit années de plus, la facture du projet augmente de 5,4 milliards de dollars supplémentaires. Les pays participants devraient valider cette somme d’ici la fin d’année.
Ceci prouve que la fusion nucléaire fait face à de nombreux obstacles technologiques. Plusieurs composants essentiels au projet ITER présentaient des défauts de fabrication entrainant un dépassement du budget.
Barabaschi, directeur de l’ITER, a déclaré pendant la conférence de presse du 3 juillet 2024 que le projet se trouve sur la bonne voie. Il atteindra sûrement son objectif final, à savoir obtenir une énergie équivalente à celle du soleil.
La fusion nucléaire : une réaction difficile à reproduire
Les réacteurs ITER, appelés aussi tokamaks, devraient décupler la quantité d’énergie produite grâce à la fusion nucléaire. Cela consiste à reproduire ce qui se passe au sein d’une étoile comme le soleil, en assemblant les noyaux des atomes de deutérium et tritium.
La combinaison des atomes met en évidence les limites technologiques. En effet, il faut une température semblable au soleil, c’est-à-dire au-delà de 100 millions de degrés ainsi qu’une pression énorme. Ces conditions permettent de produire un plasma ayant une densité durable qui favorise la fusion des noyaux d’atomes en continu.
En attendant, d’autres projets poursuivent les mêmes objectifs depuis 2006 à un coût plus raisonnable. En 2019, le réacteur sud-coréen KStar a réussi à effectuer une fusion nucléaire de 8 secondes, un record pour l’époque. Cette durée a augmenté progressivement pour atteindre 30 secondes en 2022.
De son côté, le projet britannique STEP s’en sort mieux qu’ITER en misant sur des chambres de confinement moins onéreuses. Dans tous les cas, obtenir une production continue semble encore loin. D’ici 2035, certains physiciens se demandent si ITER ne serait pas obsolète face aux autres projets.
Des retards qui ont commencé en 2016
Rappelons que la première échéance du projet ITER était pour 2016. Pourtant, les fondations du futur réacteur n’étaient pas opérationnelles cette année. Le directeur de l’époque, Bernard Bigot, annonçait alors le début de la construction du réacteur en 2018. Ensuite, la pandémie mondiale a impacté le projet.
Le conseil d’ITER se réunit pour établir de nouveau calendrier et budget en 2022. L’existence de composants défectueux a également bouleversé le calendrier entre temps. L’autorité de sécurité du nucléaire a même ordonné un arrêt temporaire de l’assemblage de la chambre à vide pour préserver la sûreté des travailleurs.
Lorsque Bernard Bigot décède en 2022, Barabaschi est nommé directeur du projet et confirme publiquement l’existence de ces composants défectueux. Pendant sa conférence, il ne se risquait pourtant pas à parler de calendrier jusqu’à ce mois de juillet.